L'exposition de Javi García Herrero, témoigne d'un regard sensible, poétique, aux antipodes de l'habituelle carte postale ou de la photo de voyage. Cependant on y reste proche, 'dans l'esprit' tout du moins, puisque l'exposition n'est autre que le récit d'une Sicile, ou il a vécu pendant un an.

Au cours de son année étudiante aux beaux-arts, l'artiste a parcouru Palerme de long en large, de nuit comme de jour; il y a également fait des rencontres étonnantes. Il n'a jamais quitté son carnet de croquis, toujours il allait à la découverte d'une ville inconnue comme d'une merveille pleine de surprise inattendue.

Des visages, des références, une création constante et jubilatoire, jamais l'artiste ne se reposait. Je l'ai connu et beaucoup observé; il se réveillait avec le soleil puisqu'il ne prenait pas la peine de fermer les volets de ... son appartement palermitain. Et à peine levé une course haletante commençait. Ses jours ne se ressemblaient pas.

Il se fit bientôt co-fondateur d'un groupe très énergique et extrêmement productif qui porte le nom de Fare-Ala. Ses allées et venues, ses découvertes, les réseaux tissés à Palerme, l'ont amenés à produire cette singulière exposition, qui s'apparente à un réseau, à une somme de connaissance, de vues, de découvertes... jetés sur le papier sous la force du langage de l'artiste.

Un langage hautement singulier, qui ne cherche pas à mimer la réalité. Le signe chez Herrero est original, il peut sembler au premier abord jeté avec force. Mais vous remarquerez en vous approchant de certains travaux que l'artiste unie avec force deux choses souvent inconciliables, sauf à force d'un long travail passionné: la rapidité d'expression, une directivité forte, et une précision remarquable.

Le Présent chez Herrero coule dans son travail, un présent jamais scalper mais toujours soulevé délicatement, toujours entrepris de manière sensible. Son entreprise est humaine est peut-être trop confidentielle, mais c'est là tout l'intérêt de se plonger dans le cerveau de l'artiste, dans son expérience palermitaine.

«Voyez» dans cette exposition comme Créer n'est autre qu'une respiration nécessaire à l'artiste, sans quoi la réalité du monde ne serait jamais entrepris, et disons le infiniment froide et muette à elle-même.

«Voyez» également qu'il n'y a pas de hasard si la présence majestueuse du ficus a résonné chez l'artiste. En effet, le ficus est un espace, il ne s'entreprend pas d'un seul regard il exige une certaine découverte, une certaine appréhension, ce qui lui confère d'ailleurs quelque chose de noble et de métaphysique au sens Kantien. Ces racines sont également la manifestation d'une nature créatrice toute puissante. Mais il est certainement bien plus pour l'artiste, tout comme la nuit est bien plus aux surréalistes.