La galerie Xippas de Genève est heureuse de présenter une exposition personnelle de Vik Muniz réunissant des oeuvres uniques issues de la série Surfaces et produites cette année. L’artiste brésilien qui a procédé à des recherches approfondies sur les tableaux classiques des maîtres cubistes tels que Pablo Picasso, Albert Gleizes, Maria Blanchard, George Braque Juan Gris... révèle ici de quelle manière les aspects liés à la mémoire, les ambiguïtés de la représentation de l'image et une riche interconnexion entre différents moyens d'expression constituent la base de sa production.
Après avoir déménagé aux États-Unis en 1983 et côtoyé étroitement des oeuvres d'art dont il n’avait connu que les reproductions, Vik Muniz a réalisé l'énorme différence qu’il existe entre interagir physiquement avec des oeuvres d'art et dialoguer avec elles via des répliques. Ces deux manières distinctes de faire l'expérience de l'art ont inspiré l'artiste tout au long de sa carrière qui s'étend...sur trois décennies.
Son travail invite le spectateur à explorer des territoires ambigus chargés de dualités: entre l'image et sa contrepartie physique, entre l'esprit et la matière, entre la perception et le phénomène. Selon l'artiste, cet "exercice métaphysique" met à l'épreuve nos sens et nos perceptions en ouvrant de nouvelles voies dans une réalité en constante évolution, ce qui nous oblige à reconnaître la fragilité de nos certitudes.
Le besoin constant de reconfigurer la réalité qui émerge avec l'avènement des nouveaux médias est saisi par Vik Muniz comme un moyen de briser les paradigmes qui polarisent traditionnellement la peinture et la photographie, en ravivant la relation entre le matériel et le pictural, qui revient dans son travail depuis le début de sa carrière. Dans l'une de ses premières séries, Best of Life, l'artiste dessinait de mémoire des photographies célèbres, puis photographiait les dessins et exposait les images obtenues.
Les surfaces peintes - qui constituent traditionnellement un champ épistémologique réservé exclusivement aux peintres - ont été vues et reproduites à plusieurs reprises au cours de l'histoire, ce qui a affaibli leur aura matérielle. On se souvient facilement de leurs couleurs, de leur contexte ou de leurs compositions plutôt que de la texture de leur surface ou de leur physicalité.
Ici, l'artiste supprime une fois de plus l'élément concret qui différencie une peinture d'une photographie en la représentant par une image en couches. Les oeuvres présentées dans Surfaces explorent deux approches récurrentes dans le vocabulaire artistique de Vik Muniz: un matériau en quête de sens ou une image en quête de rénovation physique.
Bien que les oeuvres fassent appel à la peinture tant dans leur processus que dans leur concept, elles ne sont pas des tableaux. Pourtant, en tant qu'images photographiques ou oeuvres d'art qui existent de manière autonome et physique, elles ne sont pas non plus des abstractions. Les résultats sont des images photographiques non reproductibles qui, d'une manière ambiguë, valorisent simultanément les surfaces matérielles et conceptuelles de la peinture et exigent la présence physique de l'observateur pour être réussies.
Cette négociation entropique entre la perte matérielle et le gain virtuel encourage les spectateurs à remettre en question leurs relations avec l'expérience physique de l'oeuvre d'art, dans un contexte où les images et l'idée même de réalité sont médiatisées par la technologie numérique, qui est actuellement omniprésente dans notre quotidien.
BIOGRAPHIE
Vik Muniz est né en 1961 à São Paulo. Il vit et travaille entre Rio de Janeiro, Brésil et New York, Etats-Unis. De nombreuses expositions personnelles internationales lui ont été consacrées, notamment par la Collection Lambert en Avignon, France (jusqu’au 29 septembre 2019), Figge Art Museum, Davenport, Iowa, Etats-Unis (jusqu’au 29 sep- tembre 2019), El Paso Museum of Art, El Paso, Texas, Etats-Unis (jusqu’au 31 décembre 2019), Foam Museum, Ams- terdam, Pays-Bas (2018), Chrysler Museum of Art, Norfolk, Virginia, Etats-Unis (2018), Belvedere Museum, Vienne, Autriche (2018), Palazzo Cini, Venise, Italie, (2017), MARCO Museo de Arte Contemporáneo de Monterrey, Méxique (2017), High Museum, Atlanta, Etats-Unis (2016), Maurithuis, La Haye, Hollande, (2016), MUNTREF Contemporay Art Center, Buenos Aires, Argentine (2015), Tel Aviv Museum of Art, Israël (2014), Les Rencontres d’Arles, France (2014), CAC Centro de Arte Contemporáneo de Málaga, Espagne (2012), MoMA PS1, New York, Etats-Unis (2007), Baltic Centre for Contemporary Art, Gateshead, Grande-Bretagne (2007), Miami Art Museum, Etats-Unis (2006), Pinacoteca do Estado de São Paulo, Brésil (2004), Fundación Telefónica, Madrid, Espagne (2004), Menil Collection, Houston, Etas-Unis (2002), Whitney Museum of American Art, New York, Etats- Unis (2001), Metropolitan Museum of Art, New York (1998) et International Center for Photography, New York (1998). Son travail fait partie de prestigieuses collections privées et publiques, dont Museum of Modern Art (New York), Guggenheim Museum (New York), Metro- politan Museum of Art (New York), Los Angeles Museum of Contemporary Art (Los Angeles), Tate Gallery (Londres), Museum of Contemporary Art (Tokyo), Centre Georges Pompidou (Paris) et Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía (Madrid) entre autres. En 2001, Vik Muniz a représenté le Brésil à la 49ème Biennale de Venise. Le travail de Vik Muniz est le sujet du film Waste Land (2010) qui a reçu une récompense au Festival de Sundance 2010 et a été nommé aux Oscars pour le meilleur documentaire en 2011. En 2011, Vik Muniz a été nommé Ambassadeur de Bonne Volonté de l’UNESCO. En 2015, il a fondé Morro do Vidigal, une école d’arts visuels pour les enfants du favela Vidigal à Rio de Janeiro. En 2019, Vik Muniz signe une colaboration avec Ruinart lors de sa résidence artistique au sein de la Maison Ruinart à Reims (France).
Entrada actualizada el el 14 jun de 2022
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